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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

trop bien défendue pour céder à des hommes armés seulement de fusils. Après une dizaine de minutes, nous dûmes nous retirer faute de munitions. »

Les révolutionnaires réquisitionnent les autos dans les maisons et s’emparent de tous ceux qui passent. Dans la journée, trois automobiles de l’Amirauté ont été pris ainsi. Autour de l’un d’eux s’est livrée une bataille qui a fait, en morts ou en blessés, soixante victimes !…

À huit heures du soir, dans notre quartier jusque-là resté calme, une fusillade crépite, sous nos fenêtres, dirait-on. Vite nous éteignons l’électricité, afin de ne pas offrir une cible facile. Toutes les lumières voisines se sont éteintes. Nous ignorons tout ce qui se passe au dehors. D’où tire-t-on ? et contre quoi ? Nous attendons dans l’angoisse, poussés malgré tout vers les fenêtres d’où l’on peut voir à travers les vitres, les maisons russes n’ayant pas de volets.

La fusillade se précipite ; des cris percent la nuit ; des gens, des femmes surtout, fuient à toutes jambes. Une des sœurs de mon amie, Mlle Reine, debout sur le rebord inté-