Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

courent les rues et obligent les isvostchiks à la grève. Nos amis, qui en avaient décidé un à les reconduire à leur domicile, ont été contraints de l’abandonner à mi-chemin sous la pression de la foule.

Si l’Empereur n’intervient pas immédiatement en donnant satisfaction au peuple, rien n’arrêtera la révolution.


Lundi, 21 février/11 mars. — Des gardavoïs (agents de police) passent dans les maisons pour avertir les habitants paisibles de ne pas se montrer dans les rues aujourd’hui. De tous côtés, des amis inquiets nous téléphonent le même avis. Comme Rodzianko le télégraphiait hier à l’Empereur, c’est aujourd’hui que va se jouer le sort du peuple et de la dynastie !…

Le Tsar n’a pas répondu[1]. Les télégrammes, des généraux Broussilov et Roussky annonçant, chacun avec des termes un peu différents, qu’ils ont fait leur « devoir envers l’Empereur et la Patrie » ne suffisent pas à calmer l’effervescence. Des grandes

  1. Les télégrammes de M. Rodzianko au Tsar ont été retenus plusieurs heures par le comte Frédériks, grand-maître de la Cour.