Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
LA RÉVOLUTION RUSSE

de la liberté à tout prix ? Ils en reviendront. Dieu veuille que ce ne soit pas trop tard pour le salut de la Russie… et de la vraie liberté !

Les élections municipales, sous le régime de la répartition proportionnelle, vont avoir lieu pour la première fois à Pétrograd. C’est une grande épreuve. Tout ce qu’il y a dans la ville de gens éclairés, et pouvant disposer de leur temps, s’emploie à y préparer le peuple. La tâche sera dure. C’est dans les casernes et dans les usines que s’exerce la plus active propagande. Un de mes amis, un travailliste, M. Jacques Kaplan, s’y efforce de tout son pouvoir. Aussitôt son bureau fermé, il court à la caserne du régiment de Volhynski qui lui a été attribuée. Le régiment de Volhynski est, avec celui des Preobrajenski, le premier qui vint à la Douma pour la défendre, au matin du 27 février où parut l’oukase de prorogation.

— Lorsque j’arrive, me dit M. Kaplan, je suis aussitôt entouré. Chacun s’applique à comprendre cette chose nouvelle pour lui : la responsabilité d’un vote ; et le plus grand nombre y réussit assez bien. Les soldats discutent entre eux, devant moi, la valeur des