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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

on ne pouvait adresser les mêmes reproches ne furent pas plus épargnés. L’amiral Guirz a cependant fait preuve d’une bravoure qui aurait dû lui concilier l’admiration de ses matelots. Ayant appris qu’ils l’avaient condamné à mort il les réunit :

— On dit que vous voulez me tuer. Je suis prêt à mourir. Ne m’assassinez pas lâchement. Me voici devant vous : tirez. Je veux mourir face au feu, comme un soldat !

Mais tous protestèrent de leur attachement.

L’amiral rentra chez lui plein de confiance. Bien qu’il refusât de prendre des précautions, six matelots qui lui étaient sincèrement dévoués avaient obtenu de se relayer dans sa maison pendant son sommeil. Une nuit ceux qui étaient de garde furent réveillés brusquement.

— Où est l’amiral ? Nous avons besoin de lui. Amenez-le.

Les matelots fidèles refusèrent d’obéir.

— Nous avons des renforts en bas, insistèrent les assassins. Si vous n’obéissez pas nous ferons envahir la maison.

Alors un des marins se décida à prévenir