Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

conquêtes de la Révolution et « garder devant le monde la dignité de la Russie ».


Le journal Isviesta, organe du Conseil des ouvriers et soldats, a porté en manchette, le jour de l’ouverture du Congrès des paysans, cet émouvant appel : « La Révolution a besoin de pain, ne l’oubliez pas, frères paysans ! »

Le manque de pain ! C’est, en effet, le mal dont nous souffrons le plus, depuis quelques jours. Au début de la Révolution, un régiment a été employé à désencombrer cette inattaquable forteresse qu’était la gare Nicolas. Les sacs de farine, la viande gelée se répandirent à pleines télègues dans les rues de Pétrograd et de là chez les marchands. Pendant quelques jours, ce fut presque l’abondance. On fêta la Pâque avec les gâteaux monumentaux de jadis ! Les journaux publièrent des colonnes de dons volontaires en blé ou en farine faits par les villes des provinces et par les villages aux postes de ravitaillement des soldats. Ce moment de bien-être fut court. De nouveau, et malgré que la bise souffle parfois forte et froide du côté de la Néva, des ménagères, des hommes