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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

tings, des congrès s’ouvrent presque chaque jour et de toutes ces tribunes montent des accents patriotiques qui doivent réjouir le ministre de la Guerre et le payer de ses peines et de ses fatigues. Il se livre à une navette incessante entre le front et la capitale. On le voudrait partout et à la fois. Je ne sais comment il y résiste. Il semble doué d’ubiquité et son amour pour la patrie, son entier dévouement à la Révolution lui confèrent une force, une résistance physique que l’on n’osait pas attendre de lui. Il est, en ce moment, la pierre d’angle de la nation russe, celle sur laquelle, reposent ses destinées futures.

Connaissez-vous Tchernomore ? C’est un petit karlik (nain) à barbe de fleuve, des contes populaires russes. Il est fort audacieux et aime à prendre les belles femmes le jour de leurs noces. Il a un chapeau qui le rend invisible et, partant, redoutable. Son nom est formé de deux mots russes : tchorné (noir) et moré (mer). Pour les conteurs, Tchernomore représente la mer Noire. Chemin de Byzance la grecque, — de Byzance convoitée des Russes dès le temps de sainte Olga qui y alla chercher le baptême, — la mer Noire a