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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

pace désormais célèbre où se déroulèrent les scènes fameuses du 21 avril/3 mai. En face de moi, au delà de la statue de Nicolas 1er et du square qui lui fait suite, l’imposante masse de granit qu’est la cathédrale d’Isaac limite une partie de l’horizon. Avec ses degrés somptueux, ses anges monumentaux, porteurs de torches, sa coupole à colonnes, elle éveille une idée de puissance lourde et oppressive, mais aussi stable, aussi définitive que celle qu’évoquent, dans les sables d’Égypte, les ruines des temples de Rhamsès. Malgré les outrages des siècles, les temples de Rhamsès sont encore debout et la dynastie des Rhamséides n’est plus, au fond des nécropoles, qu’une inerte assemblée de momies ; les peintures de la cathédrale d’Isaac ont à peine eu le temps de sécher sous les cintres imposants de la nef et voici que, déjà, la malheureuse dynastie des Romanov semble condamnée à périr !… Éternels recommencements de l’histoire ; néant tragique de toutes les grandeurs !…

À droite de la monumentale cathédrale, et prolongeant la Perspective presque jusqu’à la Néva, s’étend le jardin Alexandre, limité