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LA RÉVOLUTION RUSSE

lettres anonymes où on les menace de brûler leurs maisons. Les pillages provoquent la panique. La population n’ose pas dormir la nuit dans la crainte des incendies.

« Les derniers moments sont arrivés ! » disent les paysans.

Partout des incendies s’allument, l’anarchie règne… Les rumeurs les plus invraisemblables trouvent des oreilles pour les accueillir… La campagne est littéralement « assommée » par la soudaineté et l’importance démesurée de cette révolution qui dépasse son entendement. On est terrifié… Là-bas, dans la capitale dont bien peu se font une idée exacte, quelque chose d’effroyable s’est passé qui a balayé les fondements séculaires de la vie russe. On en veut à cette force et on la redoute. Elle apparaît comme une puissance ténébreuse contre laquelle on est désarmé. Même l’arrivée possible de l’Allemand n’effraie plus. On va jusqu’à dire que « peut-être ce sera mieux avec lui parce qu’il mettra de l’ordre ». Les soupçons se développent jusqu’à en être maladifs…

Un beau matin, un village s’agite, comme une ruche inquiète. Le peuple court vers les