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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

du léniniste Zinoviev. Le surlendemain, suivi des Belges résidant à Pétrograd, il est allé au Champ de Mars rendre hommage aux victimes de la Révolution russe. D’autres manifestants avec leurs drapeaux se sont joints à lui.

Comme à l’ordinaire, des meetings isolés se forment autour des tombes, des conversations s’engagent. Un officier et un voyenni-tchinovik (fonctionnaire militaire) s’appliquent à faire comprendre à des soldats la nécessité d’une offensive :

— Au nom du ciel, frères, comprenez : si vous faites maintenant une offensive, avant trois mois la guerre sera finie ; avant trois mois, certainement.

Et ils reprennent les arguments connus : disette allemande, manque de soldats, actuellement si peu nombreux sur le front russe, et que grâce à l’offensive franco-anglaise on ne peut faire revenir du front occidental.

— Une offensive ? Pourquoi faire ? répondent les soldats, puisque nous aurons la paix quand même. Si les Allemands nous attaquent, nous ne les laisserons pas entrer, mais nous ne pouvons pas prendre l’initiative, après avoir déclaré que nous ne consentirions à