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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

dances extrémistes se propagent, dans le peuple, semble revenir à plus de sagesse. Après une entente avec le gouvernement provisoire, il vient d’adresser un appel aux officiers et aux soldats du front en leur enjoignant de prendre l’offensive. Mais cet ordre vient trop tard ; le mal est fait. Les soldats refusent l’obéissance, même au Conseil !


2/15 mai. — La situation s’aggrave d’heure en heure. Les généraux Rouszky, Broussilov et Gourko ont démissionné à cause de l’indiscipline des troupes. Un drapeau sur lequel on pouvait lire « Vive l’Allemagne » a osé faire son apparition dans la rue. Le ministère n’est pas formé : Goutcbkov continue à expédier les affaires courantes. Kérensky, dans un discours prononcé au Congrès des officiers et soldats du front, a fait cet aveu navrant : « Que ne suis-je mort pendant les belles journées du début de la Révolution ! Au moins j’aurais emporté l’illusion de laisser après moi « un peuple libre », tandis que je me trouve en face « d’un troupeau d’esclaves révoltés ». Cette impression du grand tribun révolutionnaire est commune à beaucoup d’autres. Tout