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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

plus confiance qu’en lui-même et, s’il triomphe, qu’il ne s’arrête pas en chemin. Cependant, aucune menace n’a été proférée contre l’Empereur.

Le quartier de Marinsky est si paisible et silencieux que je crois avoir rêvé. À la maison, on s’inquiétait déjà. Je suis la première à y apporter la nouvelle des événements que, le matin encore, rien ne faisait prévoir. Les révolutionnaires ont bien gardé leur secret.


Vendredi. — La nuit a été tranquille. Mon secrétaire, M. Michel Braguinsky vient d’arriver. Le bruit court que 400 ouvriers du faubourg de Narva et 600 de celui de Viborg ont été arrêtés. L’effervescence est à son comble parmi la population ouvrière. Il n’y a plus une seule usine qui ne soit en grève aujourd’hui. Les tramways ont cessé de circuler. M. Michel a pris le dernier qui traversât les ponts, en parlant de Vassiliewsky-Ostrow. Même, il a été témoin d’incidents assez significatifs. Voyant un tramway arrêté, il s’adresse à la receveuse et lui demande si l’on va partir.

— Non, car j’ai peur, répond-elle.