Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

rues transversales qui aboutissent à la Newsky sont gardés par la police qui disperse aussitôt les rassemblements.

À la Perspective Litieny, l’une des plus populeuses de Pétrograd, la foule est si dense qu’il faut renoncer à s’y frayer un passage. Pas de troubles, non plus. On ne sait pas encore ce que veut le Comité de la grève.

On se recueille, on attend. Quelqu’un dit :

— Ils ont voulu manifester pour influencer la Douma ; ils se remettront au travail demain.

Mais une voix répond :

— Comment se mettraient-ils au travail ? Ils n’ont même pas de charbon ! Cela ira loin !…

Très émue par le spectacle de cette foule, par son calme que je sens gros de résolutions, je remonte jusqu’à la Sadovaïa. La nuit va venir. Je suis lasse. J’habite fort loin, près du théâtre de Marie (Marinsky-théâtre), chez une amie française — mariée à un officier de la marine russe, — qui s’inquiétera de mon absence. — Et qui sait si, plus tard, il me serait possible de regagner la maison ?

À la Sadovaïa, même foule. Les tramways