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LA RÉVOLUTION RUSSE

beaucoup près, au-dessus des mérites de ce « partageux ».

L’orateur a disparu ; aussitôt le public de se précipiter vers la grande porte. Quelques personnes entrent, jalousement regardées par tous ceux qui restent. À partir de huit heures, l’entrée est libre pour les militaires ; pour les civils on exige l’inscription dans le parti.

J’aurais voulu voir de près cet oiseau rare, et, j’exprime le regret de ne me sentir aucune disposition pour l’anarchisme. Un jeune officier venu avec nous me propose de profiter des droits que lui confère son costume pour aller interviewer Lénine en mon lieu et place.

— Je vous en prie !

Et il franchit aussitôt le seuil gardé par deux sentinelles, baïonnette au fusil. Son absence dure à peine quelques minutes.

— Je vous avoue que j’ai fait une assez mauvaise impression, me dit-il. Après avoir salué Lénine, je lui ai posé tout de go la question : Comment avez-vous pu traverser l’Allemagne ?

« — Pour me poser une pareille question, a gravement déclaré le leader bolché-wiki, il faut que vous soyez un provocateur !… »