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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

ment sur les côtes baltiques. Les glaces du golfe de Finlande craquent de toutes parts. Bientôt entre l’ennemi et la capitale il ne restera d’autre barrière que le courage et le patriotisme des marins. C’est à cette épreuve que la Russie les attend. Que ne pardonnerait pas la patrie sauvée ?…


8/21 avril. — Les socialistes anglais et français sont arrivés. On espère beaucoup de leur influence sur les socialistes russes. J’ai assisté à la réception qui leur a été faite, hier, au Congrès des Troudoviki (7 avril). J’étais dans la salle bien avant eux. Je tenais à m’imprégner de l’atmosphère ambiante, à voir ce que leur présence y ajouterait. En arrivant, je croise deux députés paysans de la Douma, exilés en Sibérie au début de la guerre. L’un porte la chemise russe, la roubachka, serrée à la taille par une ceinture et retombant de quelques centimètres au-dessous. L’autre est vêtu d’un armiak gris. Ses cheveux plats, grisonnants, relevés sur le front et coupés à la manière russe, rejoignent le col de l’armiak qu’aucun linge blanc ne souligne. Tous deux ont les pantalons enfermés dans de