Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LA RÉVOLUTION RUSSE

passager, ces nouvelles forces créatrices se montreront dans leur pleine lumière avec la totalité de leur pouvoir créateur. »

Paroles réconfortantes si l’avenir les justifie ! Certes, la Russie est incapable de trahir ses engagements. Ce qui est à craindre, c’est, un affaiblissement de ses forces militaires, une trop complète absorption de son énergie par le mouvement révolutionnaire, un désintéressement dangereux de la guerre qui est, en réalité, sa plus grande affaire du moment, celle dont le succès peut seul consolider sa jeune liberté.


23 mars/4 avril. — Jour d’apothéose et de recueillement ; de triomphe et de deuil.

Un million d’hommes et de femmes, de bourgeois et d’ouvriers, de soldats et de paysans, de citadins et de ruraux, se pressent dans les rues de Pétrograd, apportant leur suprême hommage à ceux qui sont morts pour assurer aux vivants le plus précieux de tous les biens ; la liberté.

Aucun sentiment de haine, de jalousie et de discorde. Justice est faite ; le tsarisme n’est plus ; on n’en veut à personne : un souffle