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LA RÉVOLUTION RUSSE

lit de douleurs, la Géorgie a lancé son cri de guerre et frappé sur son bouclier !… Dans toutes les rues de la capitale, à certains jours, les étendards enfin déroulés ont claqué au vent, mêlés à la bannière révolutionnaire : le blason de Finlande, au lion jaune sur fond rouge ; le drapeau blanc, noir et azur des Esthoniens et jusqu’au bouclier de David des Israélites, — les seuls d’ailleurs dont les revendications ne constituent pas un danger pour l’intégrité de la Russie. Car on n’ose se demander jusqu’à quel point il convient d’apporter ici l’approbation ou le blâme. Que serait dans le concert futur des peuples la nouvelle Russie, diminuée de la Finlande, de la Pologne, de l’Ukraine, de l’Esthonie, de la Livonie, de la Courlande, du Caucase et de l’Arménie ? Ainsi mutilée, elle reculerait, par de la Pierre le Grand, jusqu’à l’époque du grand-duché de Moscou. Mais allez donc parler raisons pratiques et économiques à d’incorrigibles idéologues ! Ceux qui le tentent en ce moment, comme Milioukoff, y jouent leur popularité. D’ailleurs, c’est, une façon de voir courante parmi les Russes que tous les anciens États dépendants, auxquels ils offrent le choix entre