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LA RÉVOLUTION RUSSE

des faibles ! Toute la conduite du Tsar s’explique par ces larmes[1].

Dans le désarroi universel, la « société » seule travaillait activement et avec méthode. Il faut savoir que ce terme de « société », d’un usage courant parmi les Russes, désignait, hier encore, l’ensemble des éléments éclairés du pays, prenant un intérêt actif à sa vie politique et sociale. C’étaient des hommes ayant su garder leur liberté d’esprit, et leur indépendance, par quoi ils tranchaient sur les familiers de l’administration et de la bureaucratie ; des individus éclairés, — intellectuels pour la plupart, — sachant se faire de l’état des choses une idée puisée à même la réalité. En même temps que les habitudes que l’on contracte par la pratique d’un service actif dans les domaines se rattachant à la vie publique, ces hommes avaient acquis le vif sentiment de responsabilité politique qui s’en dégage. Cette « société » était composée d’éléments tels que la Douma, les Zemtsvos, les rudiments d’organisation municipale, les Universités et les professions libérales. Depuis

  1. Je tiens à déclarer hautement que je ne crois pas plus à la trahison du Tsar qu’à celle de l’Impératrice.