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LA RÉVOLUTION RUSSE

est immense et souvent hors de proportions.

Le bienfait de l’institution nouvelle n’a pas tardé à se faire sentir. Le calme, la confiance, la sécurité sont revenus peu à peu. Les fauteurs de troubles n’osent plus se risquer à des attaques désormais difficiles et dangereuses ou, s’ils s’y hasardent, comme à la tentative de pillage faite au grand magasin des Gourmets, ils sont arrêtés aussitôt.

— Certes, la besogne ne manque pas aux miliciens, répond le jeune étudiant au brassard blanc orné de lettres rouges que je viens d’interpeller. Que n’avons-nous pas fait pendant la révolution ? Chasse aux malfaiteurs, aux agents de police, aux ivrognes ; perquisitions sur ordre ; patrouilles de jour et de nuit ; poursuite des « autos noirs » qui nous tuaient à coups de fusil dans la nuit : nous avons vraiment goûté de tout ! Ma journée ?… Cela vous intéresse ? C’est à peu près celle de tous mes camarades, vous savez…

— Racontez tout de même.

— Eh bien, voilà. Il y a une semaine, à peine que je suis milicien. J’ai choisi le service extérieur comme plus actif. J’arrive vers dix heures du matin à la milice et j’en pars…