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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

officiers, jadis gratifiés d’un titre, durent être désignés désormais par leur grade. Il déclara que les soldats étaient libres après leurs exercices et égaux à tous les citoyens, — ce qui leur ouvrait le vaste et dangereux champ des controverses politiques. Ce faisant, le Conseil a tué dans l’armée la discipline. La liberté est un vin fort qu’il ne convient pas de boire d’un seul trait[1].

  1. Voici le texte du Pricaz n° 1. Il m’a été apporté par un officier russe qui l’a enlevé au Ministère de la guerre « afin, m’a-t-il dit, de faire œuvre de salubrité publique » et porte la trace du clou qui le retenait :
    1er mars 1917.

    À la garnison de la région militaire de Pétrograd, à tous les soldats de la garde, de l’armée, de l’artillerie, de la flotte pour exécution immédiate et précise, et aux ouvriers de Pétrograd à titre d’information.

    Le Conseil des délégués des ouvriers et des soldats a décidé :

    1° Dans les compagnies, bataillons, régiments, parcs d’artillerie, batteries et sur les navires de la flotte de guerre, élire immédiatement des Comités de représentants choisis parmi les militaires de grade inférieur des corps d’armée précités.

    2° Dans toutes les unités militaires qui n’ont pas encore élu leurs représentants au Conseil des délégués ouvriers, choisir un représentant par chaque compagnie qui doit se présenter avec des certificats écrits, à la Douma d’État, à dix heures du matin, le 2 courant.

    3° Dans toutes les démarches politiques, l’unité militaire se soumet à l’autorité du Conseil des ouvriers et délégués soldats et à leur Comité.

    4° Les ordres de la Commission militaire de la Douma