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devant toi le forcer lui-même à convenir de l’indignité qu’il te proposait. (Elle appelle Lubin.) Lubin, cherche Dorante, et dis-lui que je l’attends ici avec ma nièce.

Lubin.

Voute nièce ! Est-ce que vous êtes itou la tante de voute fille ? (Il sort.)

Madame Argante.

Va, ne t’embarrasse point. Mais j’aperçois Lisette ; c’est un inconvénient ; renvoie-la comme tu pourras, avant que Dorante arrive. Elle ne me reconnaîtra pas sous cet habit, et je me cache avec ma coiffe.



Scène IX

MADAME ARGANTE, ANGÉLIQUE, LISETTE
Lisette, à Angélique.

Apparemment que Dorante attend plus loin. (À Madame Argante.) Que je ne vous sois point suspecte, madame ; je suis du secret, et vous allez tirer ma maîtresse d’une dépendance bien dure et bien gênante ; sa mère aurait infailliblement forcé son inclination. (À Angélique.) Pour vous, madame, ne vous faites pas un monstre de votre fuite. Que peut-on vous reprocher, dès que vous fuyez avec Madame ?

Madame Argante, se découvrant.

Retirez-vous.

Lisette, fuyant.

Oh !

Madame Argante.

C’était le plus court pour nous en défaire.