Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ergaste.

Du caractère dont je le connais, je ne crois pas qu’il voulût vous ôter la vôtre, ni que vous fussiez d’humeur à attaquer la sienne ; et si vous lui disiez poliment vos raisons, je suis persuadé qu’il y aurait égard. Voulez-vous le voir ?

Dorante.

C’est risquer beaucoup. Peut-être avez-vous meilleure opinion de lui qu’il ne le mérite. S’il allait me trahir ? Et d’ailleurs, où le trouver ?

Ergaste.

Oh ! rien de plus aisé ; car le voilà tout porté pour vous entendre.

Dorante.

Quoi ! c’est vous, monsieur ?

Ergaste.

Vous l’avez dit, mon neveu.

Dorante.

Je suis confus de ce qui m’est échappé ; et vous avez raison, votre vie est bien en sûreté.

Ergaste.

La vôtre ne court pas plus de hasard, comme vous voyez.

Dorante.

Elle est plus à vous qu’à moi ; je vous dois tout, et je ne dispute plus Angélique.

Ergaste.

L’attendez-vous ici ?