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Angélique, d’un air interdit, à part.

Que je suis confuse !

Madame Argante.

Grâce au ciel, te voilà donc encore plus respectable, plus digne d’être aimée, plus digne que jamais de faire mes délices. Que tu me rends glorieuse, Angélique !

Angélique, pleurant.

Ah ! ma mère, arrêtez, de grâce.

Madame Argante.

Que vois-je ? Tu pleures, ma fille ; tu viens de triompher de toi-même, tu me vois enchantée, et tu pleures !

Angélique, se jetant à ses genoux.

Non, ma mère, je ne triomphe point. Votre joie et vos tendresses me confondent, je ne les mérite point.

Madame Argante

Relève-toi, ma chère enfant. D’où te viennent ces mouvements où je te reconnais toujours ? Que veulent-ils dire ?

Angélique.

Hélas ! C’est que je vous trompe.

Madame Argante.

Toi ? (Un moment sans rien dire.) Non, tu ne me trompes point, puisque tu me l’avoues. Achève ; voyons de quoi il est question.

Angélique.

Vous allez frémir ! On m’a parlé d’enlèvement.