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réconcilie avec elle, et on se trouve uni avec ce qu’on aime.

Angélique.

Mais ou j’entends mal, ou cela ressemble à un enlèvement. En est-ce un, Dorante ?

Dorante.

Je n’ai plus rien à dire.

Angélique, le regardant.

Je vous ai forcé de parler, et je n’ai que ce que je mérite.

Lisette.

Pardonnez quelque chose au trouble où il est ; le moyen est dur, et il est fâcheux qu’il n’y en ait point d’autre.

Angélique.

Est-ce là un moyen, est-ce un remède qu’une extravagance ! Ah ! je ne vous reconnais pas à cela, Dorante ; je me passerai mieux de bonheur que de vertu. Me proposer d’être insensée, d’être méprisable ? Je ne vous aime plus.

Dorante.

Vous ne m’aimez plus ! Ce mot m’accable, il m’arrache le cœur.

Lisette.

En vérité, son état me touche.

Dorante.

Adieu, belle Angélique ; je ne survivrai pas à la menace que vous m’avez faite.

Angélique.

Mais, Dorante, êtes-vous raisonnable ?