Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame Argante.

Et ma fille, que lui répond-elle ?

Lubin.

Voute fille ? mais je pense que bientôt ils s’adoreront tous deux.

Madame Argante.

N’as-tu rien retenu de leurs discours ?

Lubin.

Non, qu’une petite miette. « Je n’ai pas de moyen, ce li fait-il. — Et moi, j’en ai trop, ce li fait-elle. — Mais, li dit-il, j’ai le cœur si tendre ! — Mais, li dit-elle, qu’est-ce que ma mère s’en souciera ? » Et pis là-dessus ils se lamentont sur le plus, sur le moins, sur la pauvreté de l’un, sur la richesse de l’autre ; ça fait des regrets bian touchants.

Madame Argante.

Quel est ce jeune homme ?

Lubin.

Attendez, il m’est avis que c’est Dorante ; et comme c’est un voisin, on peut l’appeler le voisin Dorante.

Madame Argante.

Dorante ! ce nom-là ne m’est pas inconnu. Comment se sont-ils vus ?

Lubin.

Ils se sont vus en se rencontrant ; mais ils ne se rencontrent pus, ils se treuvent.

Madame Argante.

Et Lisette, est-elle de cette partie ?