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Lubin.

Et pis queuque bredouille au bout de la révérence ; c’est itou ma coutume ; toujours je bredouille en saluant, et quand ça se passe avec des femmes, faut bian qu’alles répondent deux paroles pour une ; les hommes parlent, les femmes babillent : allez voute chemin ; v’là qui est fort bon, fort raisonnable et fort civil. Oh çà ! la rencontre, la salutation, la demande, la réponse, tout ça est payé ! il n’y a pus qu’à nous accommoder pour le courant.

Dorante.

Voilà pour le courant.

Lubin.

Courez donc tant que vous pourrez ; ce que vous attraperez, c’est pour vous ; je n’y prétends rin, pourvu que j’attrape itou. Sarviteur, il n’y a, morgué ! parsonne de si agriable à rencontrer que vous.

Lisette.

Tu seras donc de nos amis à présent.

Lubin.

Tatigué ! oui, ne m’épargnez pas, toute mon amiquié est à voute sarvice au même prix.

Lisette.

Puisque nous pouvons compter sur toi, veux-tu bien actuellement faire le guet pour nous avertir, en cas que quelqu’un vienne, et surtout madame ?

Lubin.

Que vos parsonnes se tiennent en paix, je vous garantis des passants une lieue à la ronde. (Il sort.)