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cher ? Il n’y a point à rougir d’une pareille façon de penser ; elle fait l’éloge de votre cœur.

Dorante.

Quoi ! charmante Angélique, mon bonheur irait-il jusque-là ? Oserais-je ajouter foi à ce qu’elle me dit ?

Angélique.

Je vous avoue qu’elle est bien étourdie.

Dorante.

Je n’ai que mon cœur à vous offrir, il est vrai ; mais du moins n’en fut-il jamais de plus pénétré ni de plus tendre. (Lubin paraît dans l’éloignement.)

Lisette.

Doucement, ne parlez pas si haut ; il me semble que je vois le neveu de notre fermier qui nous observe. Ce grand benêt-là, que fait-il ici ?

Angélique.

C’est lui-même. Ah ! que je suis inquiète ! Il dira tout à ma mère. Adieu, Dorante, nous nous reverrons, je me sauve, retirez-vous aussi. (Elle sort.)

(Dorante veut s’en aller.)
Lisette, l’arrêtant.

Non, Monsieur, arrêtez : il me vient une idée ; il faut tâcher de le mettre dans nos intérêts ; il ne me hait pas.

Dorante.

Puisqu’il nous a vus, c’est le meilleur parti.