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cela est visible. Rappelez-vous votre aventure. Nous nous promenons toutes deux dans les allées de ce bois. Il y a mille autres endroits pour se promener : point du tout ; cet homme, qui nous est inconnu, ne vient qu’à celui-ci, parce qu’il faut qu’il nous rencontre. Qu’y faisiez-vous ? Vous lisiez. Qu’y faisait-il ? Il lisait. Y a-t-il rien de plus marqué ?

Angélique.

Effectivement.

Lisette.

Il vous salue, nous le saluons ; le lendemain, même promenade, mêmes allées, même rencontre, même inclination des deux côtés, et plus de livres de part et d’autre ; cela est admirable !

Angélique.

Ajoute que j’ai voulu m’empêcher de l’aimer et que je n’ai pu en venir à bout.

Lisette.

Je vous en défierais.

Angélique.

Il n’y a plus que ma mère qui m’inquiète ; cette mère qui m’idolâtre, qui ne m’a jamais fait sentir que son amour, qui ne veut jamais que ce que je veux.

Lisette.

Bon ! c’est que vous ne voulez jamais que ce qui lui plaît.

Angélique.

Mais si elle fait si bien que ce qui lui plaît me