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Lisette.

Vous lui ferez donc sa fortune aussi bien qu’à moi ? Mais, monsieur, vous n’avez rien, dites-vous ? Cela est dur. N’héritez-vous de personne ? Tous vos parents sont-ils ruinés ?

Dorante.

Je suis le neveu d’un homme qui a de très grands biens, qui m’aime beaucoup, et qui me traite comme un fils.

Lisette.

Eh ! que ne parlez-vous donc ! d’où vient me faire peur avec vos tristes récits, pendant que vous en avez de si consolants à faire ? Un oncle riche, voilà qui est excellent : et il est vieux, sans doute ; car ces messieurs-là ont coutume de l’être.

Dorante.

Oui ; mais le mien ne suit pas la coutume, il est jeune.

Lisette.

Jeune ! de quelle jeunesse encore ?

Dorante.

Il n’a que trente-cinq ans.

Lisette.

Miséricorde ! trente-cinq ans ! Cet homme-là n’est bon qu’à être le neveu d’un autre.

Dorante.

Il est vrai.

Lisette.

Mais du moins, est-il un peu infirme ?