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La Marquise.

J’en conviens ; j’entends raison quand il faut.

Dorante.

Oui, quand on vous y force.

La Marquise.

Eh ! pourquoi est-ce que je dispute ? ce n’est pas pour moi, c’est pour vous ; je ne demande pas mieux que d’avoir tort pour être satisfaite de votre caractère.

Dorante.

Ce n’est pas que vous n’ayez vos défauts ; vous en avez, car je suis sincère aussi, moi, sans me vanter de l’être.

La Marquise, étonnée.

Ah ! ah ! mais vous me charmez, Dorante ; je ne vous connaissais pas. Eh bien ! ces défauts, je veux que vous me les disiez, au moins ; voyons.

Dorante.

Oh ! voyons. Est-il permis, par exemple, avec une figure aussi distinguée que la vôtre, et faite au tour, est-il permis de vous négliger quelquefois autant que vous le faites ?

La Marquise.

Que voulez-vous ? c’est distraction, c’est souvent par oubli de moi-même.

Dorante.

Tant pis ; ce matin encore vous marchiez toute courbée, pliée en deux comme une femme de