Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Marquise.

Quelqu’un de mes gens pouvait être là ; ce n’est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est ; car est-ce par là qu’on vaut quelque chose ? non ; c’est qu’il est bon de se connaître. Mais voici le plus hardi de mes flatteurs.

Lisette.

Il n’en est pas moins outré des impertinences de Frontin dont il a été témoin.



Scène XVI

LA MARQUISE, DORANTE, LISETTE.
La Marquise.

Eh bien ! monsieur, prétendez-vous que je vous passe encore vos soupirs, vos je vous adore, vos enchantements sur ma personne ? Venez-vous encore m’entretenir de mes appas ? J’ai interrogé un homme vrai pour achever de vous connaître ; j’ai vu Ergaste : allez savoir ce qu’il pense de moi ; il vous dira si je dois être contente du sot amour-propre que vous m’avez supposé par toutes vos exagérations.

Lisette.

Allez, monsieur ; il vous apprendra que Madame est laide.

Dorante.

Comment ?

Lisette.

Oui, laide ; c’est une nouvelle découverte ; à la vérité, cela ne se voit qu’avec les lunettes d’Ergaste.