Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il était furieux ; il voulut me battre, tout bon qu’il est ; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. Mon bonheur ensuite m’a mis chez madame, où, à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance ; ce qu’il ne troquerait pas contre la place de l’empereur.

Araminte.

Y a-t-il rien de si particulier ? Je suis si lasse d’avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l’avoir parce qu’il a de la probité. Ce n’est pas que je sois fâchée ; car je suis bien au-dessus de cela.

Dubois.

Il y aura de la bonté à le renvoyer. Plus il voit madame, plus il s’achève.

Araminte.

Vraiment, je le renverrais bien ; mais ce n’est pas là ce qui le guérira. Je ne sais que dire à M. Remy qui me l’a recommandé, et ceci m’embarrasse. Je ne vois pas trop comment m’en défaire honnêtement.

Dubois.

Oui ; mais vous ferez un incurable, madame.

Araminte, vivement.

Oh ! tant pis pour lui ; je suis dans des circonstances où je ne saurais me passer d’un intendant. Et puis, il n’y a pas tant de risque que tu le crois. Au contraire, s’il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c’est l’habitude de me voir plus qu’il n’a fait ; ce serait même un service à lui rendre.

Dubois.

Oui ; c’est un remède bien innocent. Première-