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Madame Argante.

De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon ; que si elle plaidait, elle perdrait.

Dorante.

Si effectivement son droit est le plus faible, je ne manquerai pas de l’en avertir, madame.

Madame Argante, à Marton, à part.

Hum ! quel esprit borné ! (À Dorante.) Vous n’y êtes point ; ce n’est pas là ce qu’on vous dit ; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé.

Dorante.

Mais, madame, il n’y aurait point de probité à la tromper.

Madame Argante.

De probité ! J’en manque donc, moi ? Quel raisonnement ! C’est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonne de la tromper à son avantage, entendez-vous ? c’est moi, moi.

Dorante.

Il y aura toujours de la mauvaise foi de ma part.

Madame Argante, à Marton, à part.

C’est un ignorant que cela, qu’il faut renvoyer. Adieu, monsieur l’homme d’affaires, qui n’avez fait celles de personne.

(Elle sort.)