Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Scène VI

DAMIS, LUCILE, PHÉNICE.
Phénice, riant en les regardant.

Ah ! ah ! ah !… Que vous me divertissez tous deux ! vous vous taisez, vous me regardez d’un œil noir, ah ! ah ! ah !…

Lucile.

Où est donc le mot pour rire ?

Phénice.

Oh ! il y est beaucoup pour moi, et il n’y est pas encore pour vous, j’en conviens ; mais cela va venir… Approchez, Damis.

Damis, faisant mine de se reculer.

De quoi s’agit-il, madame ?

Phénice.

De quoi s’agit-il, madame ? Est-ce que vous me fuyez ? Le joli prélude de tendresse ! N’est-ce pas là un homme bien disposé à m’épouser ? (Elle va à lui.) Approchez, vous dis-je, venez ici, et laissez-vous conduire. Allons, monsieur, rendez hommage à votre vainqueur, et jetez-vous à ses genoux tout à l’heure… à ses genoux, vous dis-je : et vous, ma sœur, tenez-vous un peu fière ; ne lui tendez pas la main en signe de paix, mais ne la retirez pas non plus ; laissez-la aller, afin qu’il la prenne ; voilà mon projet rempli : adieu ; le reste vous regarde.