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Scène IV

PHÉNICE, LUCILE, M. ORGON.
M. Orgon.

Approchez, Phénice ; votre sœur vient de me dire les motifs de son dégoût pour votre mariage. Quoique Damis ne lui convienne point, on sait qu’il était venu pour elle, et elle croyait qu’on pouvait mieux faire que de vous le donner ; mais elle ne songe plus à cela, voilà qui est fini.

Phénice.

Si ma sœur le regrette, et que Damis la préfère, il est encore à elle ; je le cède volontiers, et n’en murmurerai point.

Lucile.

Ayez, ma sœur, un peu moins de confiance. S’il vous entendait, j’aurais peur qu’il ne vous prît au mot.

Phénice.

Oh ! non, je parle à coup sûr ; il n’y a rien à craindre, je lui ai répété plus de vingt fois ce que je vous dis là.

Lucile.

Ah ! si vous n’avez rien risqué à lui tenir ce discours, vous m’en avez quelque obligation ; mes manières n’ont pas nui à la constance qu’il a eue pour vous.

Phénice.

Laissez-moi pourtant me flatter qu’il m’a choisie.

Lucile.

Et moi je vous dis qu’il est mieux que vous ne