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Dorante.

Et moi, j’ai un petit dessein, quand vous l’aurez quittée.

La Marquise.

N’allez rien gâter.

Dorante.

Fiez-vous à moi. (Il sort.)



Scène III

LA MARQUISE, LA COMTESSE.
La Comtesse.

Je viens vous trouver moi-même, marquise. Comme vous me demandez un entretien particulier, il s’agit apparemment de quelque chose de conséquence ?

La Marquise.

Je n’ai pourtant qu’une question à vous faire, et comme vous êtes naturellement vraie, que vous êtes la franchise, la sincérité même, nous aurons bientôt terminé.

La Comtesse.

Je vous entends ; vous ne me croyez pas trop sincère ; mais votre éloge m’exhorte à l’être, n’est-ce pas ?

La Marquise.

À cela près, le serez-vous ?

La Comtesse.

Pour commencer à l’être, je vous dirai que je n’en sais rien.

La Marquise.

Si je vous demandais : le chevalier vous aime-t-il ? me diriez-vous ce qui en est ?