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Blaise.

Qui est-ce qui vous fâche ?

Arlequin.

Il faut se préparer à l’affliction, monsieur ; selon toute apparence, elle sera considérable.

Dorante.

Parle donc.

Arlequin.

J’en pleure d’avance, afin de m’en consoler après.

Blaise.

Morgué ! ça m’attriste itou.

Dorante.

Parleras-tu ?

Arlequin.

Hélas ! je n’ai rien à dire. C’est que je devine que vous serez affligé, et je vous pronostique votre douleur.

Dorante.

On a bien affaire de ton pronostic !

Blaise.

À quoi sert d’être oisiau de mauvais augure ?

Arlequin.

C’est que j’étais tout à l’heure dans la salle, où j’achevais… mais passons cet article.

Dorante.

Je veux tout savoir.

Arlequin.

Ce n’est rien… qu’une bouteille de vin qu’on avait oubliée, et que j’achevais d’y boire, quand j’ai entendu la comtesse qui allait y entrer avec le chevalier.

Dorante, soupirant.

Après ?