Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/480

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Éraste.

Oui, ma joie, à ce que j’entends là, va jusqu’au transport ! Mais il s’agit de nos affaires. J’ai le bonheur d’avoir un père raisonnable, à qui je suis aussi cher qu’il me l’est à moi-même, et qui, j’espère, entrera volontiers dans nos vues.

Angélique.

Pour moi, je n’ai pas le bonheur d’avoir une mère qui lui ressemble ; je ne l’en aime pourtant pas moins…

Madame Argante.

Ah ! c’en est trop, fille indigne de ma tendresse !

Angélique.

Ah ! je suis perdue ! (Ils s’écartent tous trois.)

Madame Argante.

Vite, Frontin ; qu’on éclaire ! qu’on vienne ! (Elle avance, rencontre monsieur Damis, qu’elle saisit par le domino, et continue.) Ingrate ! est-ce là le fruit des soins que je me suis donnés pour vous former à la vertu ? Ménager des intrigues à mon insu ! Vous plaindre d’une éducation qui m’occupait tout entière ! Eh bien, jeune extravagante, un couvent, plus austère que moi, me répondra des égarements de votre cœur.



Scène XX

Les précédents, FRONTIN et autres domestiques avec des bougies.
Monsieur Damis, démasqué, à madame Argante, et en riant.

Vous voyez bien qu’on ne me recevrait pas au couvent.