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La Marquise.

Changeons de discours ; que nous lirez-vous aujourd’hui ?

Hortensius.

Je m’étais proposé de vous lire un peu du Traité de la patience, chapitre premier, du Veuvage.

La Marquise.

Oh ! prenez autre chose ; rien ne me donne moins de patience que les traités qui en parlent.

Hortensius.

Ce que vous dites est probable.

La Marquise.

J’aime assez l’éloge de l’amitié, nous en lirons quelque chose.

Hortensius.

Je vous supplierai de m’en dispenser, madame ; ce n’est pas la peine, pour le peu de temps que nous avons à rester ensemble, puisque vous vous mariez avec monsieur le comte.

La Marquise.

Moi !

Hortensius.

Oui, madame ; au moyen duquel mariage je deviens à présent un serviteur superflu, semblable à ces troupes qu’on entretient pendant la guerre et que l’on casse à la paix : je combattais vos passions, vous vous accommodez avec elles, et je me retire avant qu’on me réforme.

La Marquise.

Vous tenez là de jolis discours, avec vos passions ; il est vrai que vous êtes assez propre à leur faire peur, mais je n’ai que faire de vous pour les