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de rencontre sur le Pont-Neuf et personne ne sait ce que c’est ; demandez plutôt à ma fille, et à monsieur, ajouta-t-elle, en montrant notre témoin, s’ils y comprennent quelque chose ? Il n’y a que vous et ce garçon qui était avec vous, qui m’entendiez.

Oh ! pour moi, je n’y entends rien, dit Agathe, sinon que c’est sur le Pont-Neuf que s’est fait la connaissance de M. de la Vallée et vous ; et voilà tout.

Encore n’y a-t-il que six jours, reprit la mère, et c’est de quoi je ne dis mot. Six jours ! s’écria le témoin. Oui, six jours, mon voisin ; mais n’en parlons plus, car aussi bien vous ne saurez rien de moi ; il est inutile de m’interroger, il suffit que nous en causerons, Mlle Habert et moi. Mettons-nous à table, et que M. de la Vallée s’y mette aussi, puisque M. de la Vallée y a. Ce n’est pas que je méprise personne assurément ; il est bon garçon et de bonne mine, et il n’y a point de bien que je ne lui souhaite : s’il n’est pas encore un monsieur, peut-être qu’il le sera un jour ; aujourd’hui serviteur, demain maître ; il y en a bien d’autres que lui qui ont été aux gages des gens, et puis qui ont eu des gens à leurs gages.

M. de la Vallée aux gages des gens ! s’écria Agathe. Taisez-vous, petite fille, lui dit la mère ; de quoi vous mêlez-vous ?

Était-ce aux gages de mademoiselle qui est présente ? dit alors notre témoin. Eh ! qu’importe, répondit-elle, laissons tout cela, mon compère, à bon entendeur, salut. C’est aujourd’hui M. de la Vallée, on