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et que ce bon directeur a bien fait d’être si fantasque ! Comme tout cela s’arrange ! Une rue où l’on se rencontre, une prière d’un côté, une oraison d’un autre, un prêtre qui arrive, et qui vous réprimande ; votre sœur qui me chasse ; vous qui me dites ; Arrête ; une division entre deux filles pour un garçon que Dieu envoie ; que cela est admirable ! Et puis vous me demandez si je vous aime ? Eh ! mais cela se peut-il autrement ? Ne voyez-vous pas bien que mon affection se trouve là par prophétie divine, et que cela était décidé avant nous ? Il n’y a rien de si visible.

En vérité, tu dis à merveilles, me répondit-elle, et il semble que Dieu te fournisse de quoi achever de me convaincre. Allons, mon fils, je n’en doute pas, tu es celui à qui Dieu veut que je m’attache ; tu es l’homme que je cherchais, avec qui je dois vivre, et je me donnerai à toi.

Et moi, lui dis-je, je m’humilie devant ce bienheureux don, ce béni mariage que je ne mérite point, sinon que c’est Dieu qui vous l’ordonne et que vous êtes trop bonne chrétienne pour aller là-contre. Tout le profit en est à moi, et toute la charité à vous.