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secrets est un don que j’ai toujours eu et qui m’a quelquefois bien servi.

Je fus charmé d’abord de voir Mlle Habert dans ces dispositions-là ; c’était bon signe pour mes espérances, cela me confirmait son inclination pour moi, et devait hâter ses bons desseins, d’autant plus que les regards de la jeune personne, et les douceurs que me disait la mère, me mettaient comme à l’enchère.

Je redoublai donc d’agréments le plus qu’il me fut possible, pour entretenir Mlle Habert dans les alarmes qu’elle en prenait ; mais comme il fallait qu’elle eût peur du goût qu’on avait pour moi, et non pas de celui qu’elle m’aurait senti pour quelqu’une de ces deux personnes, je me ménageai de façon que je ne devais lui paraître coupable de rien ; elle pouvait juger que je n’avais point d’autre intention que de me divertir et non pas de plaire, et que, si j’étais aimable, je n’en voulais profiter que dans son cœur, et non dans celui d’aucune de ces deux femmes.

Pour preuve de cela j’avais soin de la regarder très souvent avec des yeux qui demandaient son approbation pour tout ce que je disais ; de sorte que j’eus l’art de la rendre contente de moi, de lui laisser ses inquiétudes qui pouvaient m’être utiles, et de