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ces visages indifférents qu’on voit à tout le monde, et qu’on ne remarque à personne.

Déjà je tâchais d’éviter de dire mon sentiment sur son chapitre, avec un embarras maladroit et ingénu qui ne faisait pas l’éloge de ladite personne, quand un des adorateurs de madame entra, et nous obligea de nous retirer.

J’étais fort content du marché que j’avais fait de rester à Paris. Le peu de jours que j’y avais passé m’avait éveillé le cœur, et je me sentis tout d’un coup en appétit de fortune.

Il s’agissait de mander l’état des choses à mon père, et je ne savais pas écrire, mais je songeai à Mlle Geneviève ; et sans plus délibérer, j’allai la prier d’écrire ma lettre.

Elle était seule quand je lui parlai ; et non seulement elle l’écrivit, mais ce fut de la meilleure grâce du monde.

Ce que je lui dictais, elle le trouvait spirituel et de bon sens, et ne fit que rectifier mes expressions.

Profite de la bonne volonté de madame, me dit-elle ensuite ; j’augure bien de ton aventure. Eh bien ! mademoiselle, lui répondis-je, si vous mettez encore votre amitié par-dessus, je ne me changerai pas contre un autre ; car déjà je suis heureux, il n’y a point de doute à cela, puisque je vous aime.

Comment ! me dit-elle, tu m’aimes ! Et qu’entends-tu par là, Jacob ?

Ce que j’entends ? lui dis-je, de la belle et bonne affection, comme un garçon, sauf votre respect, peut