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Enfin nous parvînmes à cet appartement du malade. Ma tante soupirait en entrant dans sa chambre. Brunon, sur qui elle s’appuyait aussi bien que sur moi, était d’une pâleur à faire peur. Je sentais mes genoux se dérober sous moi. Mme Dorfrainville nous suivait dans un silence inquiet et morne. Le confesseur, qui marchait devant nous, entra le premier, et les rideaux du lit n’étaient tirés que d’un côté.

Cet ecclésiastique s’avança donc vers le mourant, qu’on avait soulevé pour le mettre plus à son aise. Son fils, qui était au chevet, et qui pleurait à chaudes larmes, se retira un peu. Le jour commençait à baisser, et le lit était placé dans l’endroit le plus sombre de la chambre.

Monsieur, dit l’ecclésiastique à ce mourant, je vous amène Mme Dursan, que vous avez souhaité de voir avant que de recevoir votre Dieu. La voici.

Le fils alors leva sa main faible et tremblante, et tâcha de la porter à sa tête pour se découvrir ; mais ma tante, qui arrivait en ce moment auprès de lui, se hâta d’avancer sa main pour retenir la sienne.