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que d’arriver en ce pays-ci ; et c’est de ce fils dont il a à vous parler.

De mon fils ! s’écria-t-elle encore ; ah ! monsieur, ajouta-t-elle après un grand soupir, qu’on me laisse en repos là-dessus ; dites-lui que je suis très sensible à : l’état où il est ; que, si Dieu dispose de lui, il n’est point de services ni de sortes de secours que sa femme et son fils ne puissent attendre de moi. Je n’ai point encore vu la première, et si on ne l’a pas avertie de l’état où est son mari, il n’y a qu’à dire où elle est, et je lui enverrai sur-le-champ mon carrosse ; mais si le malade croit me devoir quelque reconnaissance, le seul témoignage que je lui en demande, c’est de me dispenser de savoir ce que le malheureux qui m’appelle sa mère l’a chargé de me dire ; ou bien, s’il est absolument nécessaire que je le sache, qu’il lui suffise que vous me l’appreniez, monsieur.

Nous ne crûmes pas devoir encore prendre la parole, et nous laissâmes répondre l’ecclésiastique :

Il peut être question d’un secret qui ne saurait être révélé qu’à vous, madame, et dont vous seriez fâchée qu’on eût fait confidence à un autre. Considérez, s’il vous plaît, madame, que celui qui m’envoie est un homme qui se meurt, qu’il a sans doute des raisons essentielles pour ne parler qu’à vous, et qu’il y aurait de la dureté, dans l’état où il est, madame, à vous refuser à ses instances.

Non, monsieur, répondit-elle, la promesse qu’il peut avoir fait à mon fils de ne dire qu’à moi ce dont il s’agit ne m’oblige à rien, et ne me laisse pas moins