Et que pensiez-vous, Madame, en me gardant ainsi ?
Je pensais apparemment que je vous devais la vie.
C’était donc une pure reconnaissance ?
J’aurais de la peine à vous rendre compte de cela ; j’étais pénétrée du service que vous m’aviez rendu, de votre générosité ; vous alliez me quitter, je vous voyais triste, je l’étais peut-être moi-même ; je vous regardai comme je pus, sans savoir comment, sans me gêner ; il y a des moments où des regards signifient ce qu’ils peuvent, on ne répond de rien, on ne sait point trop ce qu’on y met ; il y entre trop de choses, et peut-être de tout. Tout ce que je sais, c’est que je me serais bien passée de savoir votre secret.
Eh que vous importe de le savoir, puisque j’en souffrirai tout seul ?
Tout seul ! ôtez-moi donc mon cœur, ôtez-moi ma reconnaissance, ôtez-vous vous-même… Que vous dirai-je ? je me méfie de tout.
Il est vrai que votre pitié m’est bien due ; j’ai plus