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tel que moi qu’il fallait à la nature ; un étourdi, sans souci, plus vif que délicat ; qui mît toute sa noblesse à tout prendre et à ne rien laisser. Et cet enfant-là, je vous prie, y avait-il rien de plus sage que de lui donner pour père et pour mère des parents joyeux qui le fissent naître sans cérémonie dans le sein de la joie ? Il ne fallait que le sens commun pour sentir cela. Mais, dites-vous, vous êtes le dieu du vice ? Cela n’est pas vrai ; je donne de l’amour, voilà tout : le reste vient du cœur des hommes. Les uns y perdent, les autres y gagnent ; je ne m’en embarrasse pas. J’allume le feu ; c’est à la raison à le conduire : et je m’en tiens à mon métier de distributeur de flammes au profit de l’univers. En voilà assez ; croyez-moi : retirez-vous. C’est l’avis de Minerve.

MINERVE

Je suspends encore mon jugement entre vous deux. Voici la Vertu qui entre ; je ne me prononcerai que lorsqu’elle m’aura donné son avis.


Scène XI

LA VERTU, les acteurs précédents


MINERVE

Venez, Déesse ; nous avons besoin de vous ici. Vous savez les motifs de notre assemblée. Il s’agit à présent de savoir lequel de ces deux Amours nous devons retenir pour nos desseins. Je viens d’entendre leurs raisons ; mais je ne déciderai la chose