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d’affétion réciproque. Jé tâchai dé réténir vos paroles, et j’en traduisis un pétit lamveau. Sandis ! lui disiez-vous, jé n’estime à la cour personne autant qué vous ; jé m’en fais fort, jé lé dis partout, vous devez lé savoir ; cadédis, j’aime l’honnur, et vous en avez. De ces discours en voici la traduction : maudit concurrent dé ma fortune, jé té connais, tu né vaux rien ; tu mé perdrais si tu pouvais mé perdre, et tu penses qué j’en ferais dé même. Tu n’as pas tort ; mais né lé crois pas, s’il est possible. Laissé-toi duper à mes expressions. Jé mé travaille pour en trouver qui té persuadent, et jé mé montre persuadé des tiennes. Allons, tâche dé mé croire imvécile, afin dé lé dévenir à ton tour ; donné-moi ta main, qué la mienne la serre. Ah ! sandis, qué jé t’aime ! Régarde mon visage et touté la tendressé dont jé lé frelate. Pense qué jé t’affétionne, afin dé né mé plus craindre. Dé grâce, maudit fourbe, un peu dé crédulité pour ma mascarade. Permets qué jé t’endorme, afin qué jé t’en égorge plus à mon aise.

BLAISE

Tout ça ne voulait donc dire qu’un coup de coutiau ? Ou avez donc le cœur bien traîtreux, vous autres !

LE COURTISAN

Aujourd’hui il dit du mal de moi ; autrefois il faisait mon éloge.

FONTIGNAC

Ah ! lé fourbe qué j’étais ! Monsieur, jé les ai pleuré ces éloges, jé les ai pleuré, lé coquin vous louait, et né vous en estimait pas davantagé.