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BLECTRUE

Ah ! que dites-vous là, mon cher ? Quel sentiment de bête ! Vous redevenez petit.

BLAISE

Eh ! morgué, ça est vrai ; me velà rechuté, je raccourcis. À moi ! à moi ! Je me repens. Je demande pardon. Je fais vœu d’être humble. Jamais pus de vanité, jamais… Ah… ah, ah, ah… Je retorne !

BLECTRUE

N’y revenez plus.

BLAISE

Le bon secret que l’humilité pour être grand ! Qui est-ce qui dirait ça ? Que je vous embrasse, camarade. Mon père m’a fait, et vous m’avez refait.

BLECTRUE

Ménagez-vous donc bien désormais.

BLAISE

Oh ! morgué, de l’humilité, vous dis-je. Comme cette gloire mange la taille ! Oh ! je n’en dépenserai pus en suffisance.

BLECTRUE

Il me tarde d’aller porter cette bonne nouvelle-là au roi.

BLAISE

Mais dites-moi, j’ons piquié de mes pauvres camarades ; je prends de la charité pour eux. Ils valont mieux que moi : je sis le pire de tous ; faut les secourir ; et tantôt, si vous voulez, je leur ferai entendre raison. Drès qu’ils me varront, ma présence les sarmonnera ;