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Des crimes révélés par ses ambassadeurs ;
Et par là nos avis sont la source féconde
De l’effroi que sa foudre entretient dans le monde ;
Et lorsqu’elle poursuit sur un roi révolté
Le mépris imprudent de son autorité,
La valeur seulement achève la victoire
Dont un rapport fidèle a ménagé la gloire.
Nos austères vertus ont mérité des dieux…

LAODICE

Ah ! les consultez-vous, Romains ambitieux ?
Ces dieux, Flaminius, auraient cessé de l’être
S’ils voulaient ce que veut le Sénat, votre maître.
Son orgueil, ses succès sur de malheureux rois,
Voilà les dieux dont Rome emprunte tous ses droits ;
Voilà les dieux cruels à qui ce cœur austère
Immole son amour, un héros et mon père,
Et pour qui l’on répond que l’offre de ma main
N’est pas un bien que puisse accepter un Romain.
Cependant cet hymen que votre cœur rejette,
Méritez-vous, ingrat, que le mien le regrette ?
Vous ne répondez rien ?

FLAMINIUS

C’est avec désespoir
Que je vais m’acquitter de mon triste devoir.
Né Romain, je gémis de ce noble avantage,
Qui force à des vertus d’un si cruel usage.
Voyez l’égarement où m’emportent mes feux ;
Je gémis d’être né pour être vertueux.
Je n’en suis point confus : ce que je sacrifie
Excuse mes regrets, ou plutôt les expie ;