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Et ne vous parle point de mes seuls intérêts.
Mon nom m’honore assez, Madame, et j’ose dire
Qu’au plus avide orgueil ma gloire peut suffire.
Tout vaincu que je suis, je suis craint du vainqueur :
Le triomphe n’est pas plus beau que mon malheur.
Quand je serais réduit au plus obscur asile,
J’y serais respectable, et j’y vivrais tranquille,
Si d’un roi généreux les soins et l’amitié,
Le nœud dont avec vous je dois être lié,
N’avaient rempli mon cœur de la douce espérance
Que ce bras fera foi de ma reconnaissance ;
Et que l’heureux époux dont vous avez fait choix,
Sur de nouveaux sujets établissant vos lois,
Justifiera l’honneur que me fait Laodice,
En souffrant que ma main à la sienne s’unisse.
Oui, je voudrais encor par des faits éclatants
Réparer entre nous la distance des ans,
Et de tant de lauriers orner cette vieillesse,
Qu’elle effaçât l’éclat que donne la jeunesse.
Mais mon courage en vain médite ces desseins,
Madame, si le roi ne résiste aux Romains :
Je ne vous dirai point que le Sénat, peut-être,
Deviendra par degrés son tyran et son maître ;